Pour en finir avec l’économie

Décroissance et critique de la valeur

lundi 12 mai 2014, par Serge LATOUCHE

Parution de l’ouvrage ouvrant à la confrontation entre Serge Latouche et Anselm Jappe, auteurs œuvrant dans des courants sensiblement différents, la décroissance pour le premier, la critique de la valeur-dissociation pour le second.

Présentation de l’éditeur :

Cet ouvrage est le fruit d’échanges entre Serge Latouche et Anselm Jappe. Durant toute sa carrière universitaire, Serge Latouche a enseigné l’épistémologie des sciences économiques. En se penchant de manière critique sur ces fondements, il s’est rendu compte que l’ensemble des présupposés de l’économie était très mal assuré. Anselm Jappe, quant à lui, est arrivé à une conclusion très proche à travers une relecture des catégories de l’économie, telles que la marchandise, le travail, l’argent ou la valeur, qui sont en même temps des formes de vie sociale.

La vie économique qui nous apparaît comme la base naturelle de toute vie humaine et le fondement de toute vie sociale existait-elle dans les sociétés précapitalistes ? L’objet même de la réflexion des économistes n’est-il pas plutôt une « trouvaille de l’esprit », une invention, un imaginaire qui a désormais colonisé notre esprit et nos vies ? Si l’économie est une création historique finalement assez récente, comment fonctionnaient les sociétés pré-économiques ? Comment s’est inventée, au fil du temps, cette économie dans la pratique comme dans la réflexion ?

Réfléchir à un futur différent pour notre société implique de penser l’impensable, de réaliser l’improbable, pour enfin selon le mot de Serge Latouche « sortir de l’économie ». Un enjeu majeur pour notre avenir…

Serge Latouche, professeur émérite à la faculté de droit, économie et gestion Jean-Monnet de l’université Paris-Sud est l’un des « contributeurs historiques » de la Revue du MAUSS. Il est directeur du Groupe de recherche en anthropologie, épistémologie de la pauvreté et un des fondateurs de la revue d’étude théorique et politique de la décroissance Entropia. II a développé une théorie critique envers l’orthodoxie économique et dénoncé l’économisme, l’utilitarisme dans les sciences sociales et la notion de développement. Il est un des penseurs les plus connus de la décroissance, thème de ses nombreux ouvrages.

Anselm Jappe a fait ses études à Rome et à Paris où il obtient un doctorat de philosophie. Il enseigne l’esthétique à l’école d’art de Frosinone et de Tours. Ancien membre du groupe Krisis, il a publié de nombreux articles dans divers revues et journaux. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont un important essai sur Guy Debord. Il fait partie du courant de la « nouvelle critique de la valeur » fondant une critique contemporaine du capitalisme par une relecture de l’œuvre de Karl Marx.


Cornelius Castoriadis ou l’autonomie radicale
par Serge Latouche
et Cornelius Castoriadis

Dans un essai clair et concis, Serge Latouche explore la pensée de Cornelius Castoriadis à l’aune de la critique de la croissance aveugle et de l’expansion illimitée de la production et de la consommation.
Castoriadis a consacré l’essentiel de son œuvre dense et riche aux conditions de réappropriation par la collectivité de ses institutions, de sa force créatrice et de son autonomie. Plus que jamais, sa lecture est indispensable à l’élaboration d’une critique fondamentale de l’ordre capitaliste et permet de surmonter l’esprit de résignation entretenu par ce modèle (le fameux « There is no alternative »).
Les sociétés sont fondées sur des croyances qui permettent à leurs membres de conférer un sens à tout ce qui se fait à l’intérieur et en dehors d’elles. Ces « institutions », fruit de l’imagination collective, ont eu pour nom esprits, ancêtres, héros, Dieu… Dans nos sociétés occidentales capitalistes, c’est désormais l’« économique » qui constitue l’institution imaginaire centrale et tend à réorganiser l’ensemble des activités. Les croyances dans la croissance, le pouvoir de la technique et le développement qui lui sont associées sont l’expression d’un fantasme de maîtrise rationnelle du monde qui menace aujourd’hui sa survie. Il s’agit donc de rompre avec cet imaginaire pour atteindre à l’autonomie en reprenant conscience de notre pouvoir (révolutionnaire) de création d’institutions nouvelles.
Cela ne se fera qu’à travers l’autonomie individuelle et la participation de tous aux décisions qui les concernent. Contre la démocratie représentative, qui « signifie l’aliénation de la souveraineté des représentés vers les représentants », c’est donc une démocratie directe qu’appelle Castoriadis de ses voeux, celle-ci n’étant possible qu’à condition de repenser l’éducation du citoyen libre.
Cet essai de Serge Latouche et la sélection de textes qui l’accompagnent constituent des outils indispensables pour s’orienter dans cette pensée foisonnante tout en permettant de mieux appréhender le sens et les enjeux des luttes présentes et à venir.


Voir en ligne : LES PRÉCURSEURS DE LA DÉCROISSANCE

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